Préservation de l'écosystème du monarque de Fatu Hiva: lutte contre la fourmi folle
En 2017, le programme Te Me Um a choisi de soutenir l’association Manu-SOP dans son micro-projet de lutte contre l’espèce exotique envahissante la fourmi folle.
Le monarque de Fatu Hiva (Pomarea whitneyi) est au bord de l'extinction. Cet oiseau de 19cm aux sourcils proéminents a la vie dure à cause de son ennemi depuis les années 90 : le rat noir. Et pour ne pas arranger la situation, les chats sont également des prédateurs de l’espèce. En 2002, on comptait 920 individus de monarques de Fatu Hiva, contre seulement 24 (dont 6 couples) en 2018, dans les zones protégées.
Afin d’endiguer l’extinction de l’espèce, des mesures de gestion drastiques ont été déployées par la Manu-SOP depuis 2008. De nombreux sites ont été dératisés, les chats sauvages piégés et les chats domestiques du village d’Omoa, où se situe la dernière population de Monarques, stérilisés.
Les actions de la Manu-SOP maintiennent les effectifs des oiseaux, qui augmentent dans la zone gérée (contrôle des rats et des chats). Malheureusement, une nouvelle espèce exotique envahissante (EEE) a récemment colonisé l'île, début 2015, et menace de s'étendre dans les vallées à Monarques. La fourmi folle jaune (Anoplolepis gracilipes) originaire d'Afrique, a un fort impact négatif sur la faune par prédation directe ou par compétition. Elle est classée parmi les 100 pires espèces invasives du monde par l’UICN. L'enjeu est désormais de localiser et d'éradiquer ces jeunes colonies de petites fourmis de feu à Tahiti, tant qu'il en est encore temps.
Grâce à l’appui financier de Te Me Um, la distribution de l’espèce a pu être connue dans la zone à l’aval de l’aire de répartition des monarques. La zone infestée s’étendant sur plus de 15 ha, les trois colonies situées les plus en amont ont été éradiquées, avec l’appui des spécialistes de Nouvelle-Zélande et de Nouvelle-Calédonie. L’urgence était réelle, car les fourmis étaient déjà présentes dans un territoire de Monarque, à une trentaine de mètres de la zone de nidification. Un technicien et deux volontaires en service civique ont été mobilisés en renfort spécial pour conduire cette action.
Les résultats obtenus sont encourageants, malgré la difficulté de traitement en forêt tropicale humide sur fortes pentes et l’éloignement de l’île de Fatu Hiva. Ils permettent d’imaginer de poursuivre cette action vers l’aval de la vallée, pour la sécuriser plus durablement. Plus de 20 jeunes Monarques de Fatu Hiva sont nés ces 5 dernières années, ce qui ouvre un grand espoir pour la survie de l’espèce.
Ependage sur 2 lignes parallèles Crédits: Luta Robert
Fourmis folles jaunes sur du poisson Crédits: Thomas Ghestemme